dimanche 28 décembre 2008

PATRICK SAINT-ELOI - ZOUKOLEXION, Volume 2




































Note A Bene sous licence PSE productions.

Distribué par Warner Music France.

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C'est le grand retour du crooner du zouk avec le deuxième volume de sa Zoukolexion, un peu plus d'une année après le premier volume.

Début des années 80 : les frères Décimus décident de changer le cours de l'histoire de la musique caribéenne tel qu'elle était jusque là conçue aux Antilles françaises. Ils inventent un nouveau son ; celui-ci sera leur passeport pour conquérir la planète entière. PSE devient rapidement l'un des porte voix de cette vision musicale syncrétique appelée désormais Zouk.

Car PSE, c'est d'abord et avant tout une voix, reconnaissable parmi toutes. Des aigus à vous faire frémir, mis au service d'un génie propre à investir tous les champs de la langue créole. Tour à tour tranchant, doucereux, plaintif, revendicatif, le plus souvent lover. Patrick Saint-Eloi est l'homme qui sait murmurer en créole à l'oreille des femmes…

Ensuite, ce sont des textes, d'une qualité exceptionnelle. On peut réellement affirmer que si le PSE compositeur a joué collectif en participant largement à l'essor du zouk depuis le début des années 80, l'auteur PSE a quant à lui toujours su démontrer un talent d'écriture tout à fait singulier. Entertainer à ses heures (mais pas trop tant il est vrai que cet homme n'est guère chauffeur de salle, pour cela s'adresser de préférence à Pipo Marthely, maître du genre), plus souvent parvenant à forcer la réflexion en dépit du rythme entêtant de cette musique, parfois enfin s'affirmant péremptoirement avec des textes poignants – « Inceste » ou « Silans » constituent des modèles du genre.

Pour ce qui est de cet album, il s'agit d'abord d'un best of, tout à fait honorable de la part de l'un des artistes les plus prolifiques de sa génération. On ne saurait lui reprocher de vouloir faire prospérer l'héritage à son profit avec ce concept fédérateur, garantie du succès.

Il y a cependant une tentative assumée d'aller au-delà du côté testamentaire, avec quelques textes inédits et quelques reprises de tubes qui ont contribué à l'éclosion d'autres étoiles comme Jocelyne Béroard (eh oui, « Mi Tchè mwen », c'est lui) ou Edith Lefel (« La klé »).

Filon éculé ? La question se pose, car le son zouk, certes marque de fabrique de la génération Kassav', reste le même : si les aficionados adoreront à coup sûr, il est cependant bien peu probable que de nouveaux adeptes se joignent au mouvement. Mais peut être est-ce illusoire d'attendre des créateurs d'un genre qu'ils soient également les architectes de son évolution quelque trois décennies plus tard.

Rendons hommage à la qualité du produit, tant cela est important en ces temps de raréfaction des ventes de disques : c'est de la belle ouvrage, incontestablement. On reconnaitra la sobriété propre à Saint-Eloi, même si une question se pose néanmoins : qui a eu l'idée assassine de la photo intérieure de l'album ? Pour ceux qui ne l'ont pas vu, il suffit d'imaginer Jamie Foxx en vacances aux Antilles, chapeau paille sur la tête, tournant une pub pour Twix (deux doigts coupe-faim)… Pour le moins déconcertant, tant il est vrai que cet homme ne porte pas une once de bling bling en lui.


Pour finir, signalons que PSE sera en concert le 3 novembre 2009 à l'Olympia, salle pour lui mythique puisque c'est là qu'il se produisit pour la première fois seul (en 2000) suite à son départ de Kassav'. Ce concert fut d'ailleurs le support d'un enregistrement live que l'on ne saurait trop conseiller.

Vieneg

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