dimanche 25 décembre 2005

The Herbaliser – Take London


Moi, j'aime les mecs qui ont peur de rien. Les mecs qui ne craignent pas de trop en promettre dans les titres de leurs œuvres. The Herbaliser est clairement de ceux-là. Après « Blow Your Headphones", "Very Mercenary", "Something wicked this way comes", c'est maintenant au tour de « Take London » de porter fièrement les ambitions du duo londonien.

Ce qui n'a pas changé : le talent inimitable dans le fatal remix d'influences très diverses : electro, downtempo, dub, jazz, funk, soul. C'est étourdissant de talent, c'est à se demander comment tout cela tient sur une si petite galette.

Mais ce n'est pas simplement en remettant le couvert dans les mêmes assiettes que Ollie Teeba et Jake Wherry cultivent l'ambition de 'prendre Londres'. Cela fait en effet 10 ans que l'on n'ignore plus que la spécialité de The Herbaliser, ce sont précisemment les mélanges improbables, les influences quelquefois antagonistes toutes mises au service du flow et du style. So british.

On ne peut 'prendre Londres' autrement que par surprise. Ceci une vraie gageure quand on est affilié à Ninja Tunes, sans doute le plus prestigieux label musical UK. Il n'est en effet pas simple de se démarquer d'autres talents bruts comme Amon Tobin, Vadim, Cinematic Orchestra (sans doute leur cousin germain dans les influences), voire même des tolliers de la maison, les incontournables Coldcut.

Equation résolue. Incontestablement.

16 perles. Quelques featurings de grande classe qui savent ne pas se mettre en avant tant l'album se suffit à lui même : Roots Manuva, Jean Grae (ne l'appelez plus What What) et Katerine, pour un hommage à Gainbourg de très bonne facture.

Le décor est posé façon breakbeat furieux mis en valeur par des scratch loops inattendus, réhaussés d'une section rythmique enregistré live. On est ainsi tenus en haleine jusqu'au premier arrêt : Gadget Funk. Un morceau venu d'ailleurs. Une bonne basse bien grasse à la George Clinton. Du gros synthé pur beurre. C'est nouveau, c'est de l'électro P-Funk, Chuck Brown remixé par une bande de dangereux illuminés coupables de vouloir faire tomber London sous les coups du butoir de vibes importées de Washington DC.

Encore sous le coup de l'émotion, on quitte le P-Funk pour le downtempo. "Close your Eyes" calmera les plus énervés avec son slam langoureux. Prélude au deuxième arrêt, cette fois pour un beat très cool à la Lalo Shiffrin 'sonofanuthamutha'. Des cordes très étirées, des voix sucrées. Luxe, calme et volupté.

Pour finir, le coup de grâce est porté avec un ultime morceau qui constitue une divine surprise. La perfide Albion invite celui que parmi tous les french singers elle nous envie sans doute le plus, l'immense Serge Gainsbourg, pour un épilogue des plus classieux (« C'était en fin de matinée, Dans le quartier latin, J'avais tres froid aux mains… ») en forme d'hommage à l'homme à la Gitane.

London succombe, London abdique, London applaudit, bref, London se laisse prendre…

Vieneg


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